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Comment les pays chauds nous inspirent face à la chaleur : leçon d’architecture passive venue d’ailleurs

 

Cette semaine, on a suffoqué. Littéralement. Entre volets fermés et ventilateurs à bout de souffle, la question est revenue comme une évidence : comment font ceux pour qui ces températures ne sont pas une exception, mais la norme ?

À Yazd, en Iran, 40°C ne déclenchent pas une alerte canicule. Et pourtant, la ville respire. Pourquoi ? Grâce à un patrimoine architectural millénaire pensé pour la chaleur, et non contre elle. Des solutions passives, sobres, souvent poétiques, qui prouvent qu’il est possible de vivre au frais sans climatisation – à condition de repenser notre façon d’habiter.

Voici un tour d’horizon de ces techniques venues de régions où l’été ne pardonne pas, mais où l’architecture a su s’adapter avec ingéniosité et… beaucoup de physique.

Tours à vent (Badguirs), les climatisations naturelles de Yazd

Leur silhouette élancée perce les ciels du désert iranien. Ces cheminées ajourées ne sont pas décoratives : elles captent l’air frais en hauteur et le redirigent dans les pièces à vivre, créant une ventilation naturelle. Parfois, l’air circule même au-dessus de canaux souterrains (qanats), se chargeant de fraîcheur avant d’atteindre l’intérieur. Une leçon de bon sens.

Maisons troglodytes, fraîcheur minérale garantie

Creusées à même la roche, elles exploitent l’inertie thermique de la terre : la température intérieure y reste constante toute l’année. Fraîches en été, douillettes en hiver, elles ne nécessitent ni chauffage ni climatisation. Une forme de luxe invisible, mais inégalé.

Les murs en terre crue : adobe, pisé et autres merveilles thermiques

Dans les régions chaudes du Maghreb ou d’Amérique latine, on utilise depuis toujours la terre crue. Ses murs épais absorbent l’humidité, régulent la température et offrent un confort thermique remarquable. Moins de béton, plus de bon sens.

Mashrabiyas : l’art de filtrer lumière et chaleur

Ces fenêtres ajourées en bois sculpté, omniprésentes dans l’architecture arabe, sont de véritables systèmes de ventilation croisée. Elles limitent les surchauffes, protègent des regards, laissent passer l’air grâce à l’ombre projetée sur les murs.

Toits et façades végétalisés : l’ombre par le vivant

Quand la nature s’invite dans l’architecture, elle apaise. Les plantes, en transpirant, créent de petits îlots de fraîcheur. Sur les murs, les toits, elles deviennent un isolant vivant, protecteur et décoratif.

Masdar City et BedZED 

À Londres comme à Abu Dhabi, des expérimentations urbaines tentent de réconcilier densité et confort thermique. Orientation intelligente, ventilation naturelle, tours à vent contemporaines… Ces projets réinventent la ville avec un objectif : ne plus subir la chaleur, mais jouer avec elle

💧 Evaporation, récupération et design climatique

Au croisement de l’artisanat et de l’innovation, certaines initiatives repoussent les limites :

  • En Inde, CoolAnt conçoit des façades en terre cuite inspirées des ruches pour refroidir l’air ambiant.
  • En Iran, BMDesign développe des toits en double vasque pour récupérer l’eau de pluie et rafraîchir les murs par évaporation.Là encore, l’eau devient un levier précieux… et subtil.

Et maintenant, on fait quoi ?

Chez nous, où la clim est encore la solution par défaut, ces approches invitent à une remise en question. Elles nous montrent que l’on peut rafraîchir autrement, en misant sur l’intelligence des matériaux, la circulation de l’air, la gestion de la lumière.

Alors que les vagues de chaleur s’intensifient, il est grand temps de regarder vers le Sud, non pas pour fuir, mais pour apprendre. Car si le confort est un droit, l’architecture peut – et doit – y contribuer sans faire grimper le thermomètre.